Résumé

Après le terrible séisme qui a touché le pays le 12 janvier dernier, pratiquement tout est à reconstruire en Haïti. La relance de l’agriculture, déjà sévèrement touchée par les tempêtes et ouragans de 2009, est une des priorités du Président haïtien. Le développement de plantes multi-usages comme le sorgho sucré, semble une opportunité réelle pour les agriculteurs.

panicules de sorgho

Il est en effet capable de combiner une production alimentaire humaine (les grains) et animale (les feuilles et les bagasses résultant de l’extraction du jus ont une valeur nutritive élevée), avec une production énergétique (l’éthanol produit à partir du jus sucré accumulé dans les tiges). Le sorgho sucré répond donc à deux enjeux majeurs :

• (i) augmenter la production de denrées alimentaires (humaine et/ou animale)
• (ii) fournir une source d’énergie alternative (l’éthanol).

S3F pour Haïti propose de développer la filière sorgho sucré en Haïti en : 

1. identifiant rapidement des variétés adaptées à l’environnement à partir d’un pool provenant de différents programmes de sélection et core collections, et en mettant en place un programme de sélection pour produire du matériel plus performant à moyen terme. 
2. mettant au point les itinéraires techniques pour sa culture soit en monoculture, soit en association avec une légumineuse, le pois d’Angole déjà apprécié par les populations 
3. adaptant les procédés d’extraction du jus sur la base du savoir-faire et des équipements existant déjà pour la canne à sucre, et développant la gélification de l’alcool pour une utilisation comme combustible 
4. diffusant l’ensemble des résultats aux acteurs de la filière par l’organisation d’atelier de formation pour la culture de la plante, la production d’alcool, l’utilisation des feuilles et des bagasses comme fourrage, et la production de gel alcoolisé tout en sensibilisant les populations à l’utilisation de cette nouvelle source de combustible.

usinage des tiges

Le développement de cette culture aura des impacts à plusieurs niveaux. Au plan scientifique, une équipe haïtienne sera renforcée et initiera un programme de sélection du sorgho sucré. Au niveau de l’agriculture, le sorgho permettra de diversifier les productions des agriculteurs et de remettre en culture des terres pauvres du fait de ses faibles exigences en eau et intrants. Par ailleurs au niveau économique, la filière créera des emplois pour récolter, transporter, transformer, commercialiser les nouveaux produits ainsi que pour produire des réchauds adaptés aux gels d’alcool.

Enfin, le sorgho sucré est une plante plus respectueuse de l’environnement que la canne à sucre ou le maïs, et qui peut produire une source alternative d’énergie ; son développement conduira in fine à une diminution de la déforestation et/ou une diminution de l’utilisation d’énergie fossile.

Pour conduire ce projet, le Cirad s’appuie sur un partenariat local fort développé avec la Fondation Chibas-Haïti, l’Université de Quisqueya et la société privée Agriterra.